Manu Moutin est accompagnateur en montagne depuis plus de dix ans en Ariège où il encadre des sorties principalement dans les montagnes environnantes, souvent en partenariat avec le bureau des guides des Pyrénées ariégeoises. En parallèle, il poursuit des tâches d'enseignement et organise des projets naturalistes sur la montagne avec des adolescents, et anime des soirées en astronomie dans la région. Depuis quelques années, il organise des séjours avec Amarok L'Esprit Nature pour faire découvrir les Pyrénées, à la fois en France et en Espagne avec un réel plaisir de partager des émotions, d'observer la nature et un souci permanent d'être en cohérence écologique. Il partage avec nous aujourd'hui son journal de naturaliste confiné ce printemps et nous invite à lever les yeux...
« 17 mars 2020 : Je vis en Ariège, dans un petit village des Pyrénées et le confinement a commencé hier. Un fond sonore irrégulier a disparu, laissant les chants des oiseaux accompagner celui du vent et des ruisseaux. Et même si l’on perçoit parfois le son d’un tracteur au loin, l’alternance des chants et cris des passereaux est un plaisir pour les oreilles et une invitation au voyage. Et c’est en grande partie pour cela que j’aime lever les yeux au ciel. Que ce soit pour écouter un oiseau caché dans un arbre, voir apparaître et suivre un nuage, ou bien rêver en contemplant le soir la voûte céleste. En ce début de printemps, le feuillage peu fourni me permet d’observer facilement la gente à plumes, tellement riche d’histoires et de poésie pour celui qui prend le temps de s’arrêter pour les écouter ou les observer. Muni de mes jumelles et parfois d’un petit appareil photo, je me laisse conter des histoires au fil des journées par tous ces oiseaux en activité, qu’ils soient sédentaires ou de passage, impressionné par leurs pirouettes aériennes ou leur activité sociale. Chaque jour qui passe m’offre trois petites minutes de lumière supplémentaire… Quelle période plus propice que le printemps pour prendre son temps ?
5 avril 2020 : Il fait vraiment beau ce matin. Guidé irrésistiblement par un chant puissant, je me retrouve allongé sous un arbre à guetter une fine fauvette à tête noire répéter inlassablement pour sa belle la même complainte. Un peu plus tôt dans la matinée, la tête à l’envers dans le cerisier, une sitelle torchepot observait un rouge-gorge perché fièrement sur son poteau, tandis qu’un rouge-queue noir, trônant au sommet de ma maison taquinait comme chaque matin avec son chant commençant par un bruit d’un papier froissé les moineaux alignés sur ma gouttière.
Le 29/05/2020
